Fin épisode précédent : Pourtant, je
pense de même qu’elle, à l’instar de la sentence : « Si tu tombes
dans le fleuve, laisse-toi émerger dans le sens du courant, c’est ta seule
chance d’en réchapper !».
Episode 95. Jeudi 15 04 2027. Hier soir, je n’avais
guère le courage de relater mon second entretien avec J.P. Déjà que, depuis 24
heures, chaque minute m’avait mis le cerveau à fleur de crane et que je me suis
retrouvé littéralement en transe dans les dernières minutes précédant le
rendez-vous.
Je lui ai proposé de s’asseoir, vague politesse, mais aucune boisson à siroter. Tout s’est alors déversé d’un seul coup, mon angoisse, ma fatigue, ma peur, jusqu’à l’indécence.
« J.P, je suis d’accord… je suis d’accord sans condition ! », lui ai-je aussitôt jeté comme quelqu’un qui se défenestre. A vrai dire, je me sentais plus qu’impudique. Lorrie, impassible, se relevait à peine d’un baiser poli sur la joue, ce qui sembla le réjouir au plus haut point.
« PARFAIT, Bernard ! », cria-t-il presque, « Nous parlons donc le même langage ! ».
Il arborait sa satisfaction suprême tel un flash survolté. Je compris que sa cote auprès de TimeWeather bénéficierait d’un boni équivalent.
« C’est parfait, vraiment parfait ! » ressassa-t-il, comme pour lui-même.
« Un petit chodsky, Monsieur J.P. ? », sirupa ma gynoïde. Il ne manqua évidemment pas de la suivre d’un regard concupiscent lorsqu’elle traversa la pièce pour sortir côté court. « Votre nièce est une perle stupéfiante ! Elle se rappelle même de mes préférences… », en rajouta-t-il, d’une affabilité écoeurante.
Je me retenais de le frapper d’un bon coup de poing qui m’aurait tant soulagé mais je me suis contenté de lui lancer une flèche : « Lorrie n’est pas ma nièce ! ».
« Pas votre nièce ? ».
« Non. Elle n’a jamais été ma nièce ! ».
Apparemment, il a préféré marquer une toux brève et sèche que de faire un quelconque commentaire. Non, je ne couche pas avec une adolescente, aussi gynoïde soit-elle, mais cela m’était jouissif qu’il l’imaginât.
« Ah ! Vous savez donc, Bernard ? ».
« Je sais quoi… ?
« … Hem ! Pour votre accident, je veux dire… »
« Mon accident ? ». C’était la seconde personne à m’impliquer dans un accident. Était-ce donc véritablement moi qui conduisait la voiture avec Cecilia à mes côtés ?
Le gros homme se reprit sur le champ. « Bref ! Parlons compensations, voulez-vous ? », après quoi il avala son chodsky cul sec. Je fis de même comme dans un miroir.
« Voilà, en un mot comme en cent : vous nous avez été un excellent développeur, Bernard, le meilleur sans doute avec qui nous avons eu la chance de collaborer… », entama-t-il avec une emphase que j’estimais peu sympathique. Cela sonnait le glas, en quelque sorte. Je me calai dans mon fauteuil pour ne pas bondir lorsqu’il m’annoncerait que j’étais viré. Lorrie lui adressa un sourire béat auquel il répondit par automatisme. Moi, j’attendais le couperet de circonstance.
Il arriva très vite : « Mais, voyez-vous, notre brusque essor (bien sûr, vous avez pu remarquer à quel point nous sommes devenus en quelques temps les leaders en matière d’applications, et vous y avez contribué de premier chef !)… ». J’opinai du menton. J’avais hâte qu’il en arrive au but. « Notre essor, disais-je, nous a obligé à opérer une radicale restructuration du personnel… Notre secteur de recherche et de développement a besoin de sang neuf, d’équipes plus…et plus… et bla bla bli et bla bla bla… ». Toutes les mesures et précautions d’usage, quoi !
Je lui ai proposé de s’asseoir, vague politesse, mais aucune boisson à siroter. Tout s’est alors déversé d’un seul coup, mon angoisse, ma fatigue, ma peur, jusqu’à l’indécence.
« J.P, je suis d’accord… je suis d’accord sans condition ! », lui ai-je aussitôt jeté comme quelqu’un qui se défenestre. A vrai dire, je me sentais plus qu’impudique. Lorrie, impassible, se relevait à peine d’un baiser poli sur la joue, ce qui sembla le réjouir au plus haut point.
« PARFAIT, Bernard ! », cria-t-il presque, « Nous parlons donc le même langage ! ».
Il arborait sa satisfaction suprême tel un flash survolté. Je compris que sa cote auprès de TimeWeather bénéficierait d’un boni équivalent.
« C’est parfait, vraiment parfait ! » ressassa-t-il, comme pour lui-même.
« Un petit chodsky, Monsieur J.P. ? », sirupa ma gynoïde. Il ne manqua évidemment pas de la suivre d’un regard concupiscent lorsqu’elle traversa la pièce pour sortir côté court. « Votre nièce est une perle stupéfiante ! Elle se rappelle même de mes préférences… », en rajouta-t-il, d’une affabilité écoeurante.
Je me retenais de le frapper d’un bon coup de poing qui m’aurait tant soulagé mais je me suis contenté de lui lancer une flèche : « Lorrie n’est pas ma nièce ! ».
« Pas votre nièce ? ».
« Non. Elle n’a jamais été ma nièce ! ».
Apparemment, il a préféré marquer une toux brève et sèche que de faire un quelconque commentaire. Non, je ne couche pas avec une adolescente, aussi gynoïde soit-elle, mais cela m’était jouissif qu’il l’imaginât.
« Ah ! Vous savez donc, Bernard ? ».
« Je sais quoi… ?
« … Hem ! Pour votre accident, je veux dire… »
« Mon accident ? ». C’était la seconde personne à m’impliquer dans un accident. Était-ce donc véritablement moi qui conduisait la voiture avec Cecilia à mes côtés ?
Le gros homme se reprit sur le champ. « Bref ! Parlons compensations, voulez-vous ? », après quoi il avala son chodsky cul sec. Je fis de même comme dans un miroir.
« Voilà, en un mot comme en cent : vous nous avez été un excellent développeur, Bernard, le meilleur sans doute avec qui nous avons eu la chance de collaborer… », entama-t-il avec une emphase que j’estimais peu sympathique. Cela sonnait le glas, en quelque sorte. Je me calai dans mon fauteuil pour ne pas bondir lorsqu’il m’annoncerait que j’étais viré. Lorrie lui adressa un sourire béat auquel il répondit par automatisme. Moi, j’attendais le couperet de circonstance.
Il arriva très vite : « Mais, voyez-vous, notre brusque essor (bien sûr, vous avez pu remarquer à quel point nous sommes devenus en quelques temps les leaders en matière d’applications, et vous y avez contribué de premier chef !)… ». J’opinai du menton. J’avais hâte qu’il en arrive au but. « Notre essor, disais-je, nous a obligé à opérer une radicale restructuration du personnel… Notre secteur de recherche et de développement a besoin de sang neuf, d’équipes plus…et plus… et bla bla bli et bla bla bla… ». Toutes les mesures et précautions d’usage, quoi !
« Bref, mon cher Topo », tenta-t-il en
vain de résumer, « En contrepartie, nous vous proposons donc un contrat
d’actionnariat ! … Bien sûr, vous gardez tous vos avantages et je
dirais même davantage, mais à une seule condition toutefois : vous muter
au niveau 6 ! ». En vérité, sur le moment, je ne me suis même pas demandé
ce que cela pouvait signifier.
(A défaut de parvenir à vous la livrer
en live, le texte qui précède est la transcription d’une vidéo effectuée par
Lorrie, à l’insu de J.P.) Il est maintenant près de 8 heures du matin. Il
fait frais et la brume est dense, dehors. Avant même d’étudier la proposition
qui m’est faite, et surtout de comprendre ce qu’un contrat d’actionnariat peut
revêtir, je monte à bord de n’importe quelle CapsoSat pour m’aérer l’esprit. Direction encore
inconnue !
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