"Je m’appelle Bernard Topo. Je viens de Bruxelles en 2027, via une application que j’ai développée pour communiquer avec un passé où se pressentait déjà l’omnipotence de la technologie (l’ardoise digitale est comme le prolongement de la main) et des réseaux sociaux (les Faceblokoeurs veillent sur nos rapports humains et les Gog+ surveillent nos agissements).
L’évolution ne s’y décline pas en révolution : les pouvoirs financiers sont suprapotents, la politique brille par son absence, les technocrates exécutent et seule l’existence personnelle pimente encore d’un brin d’humanité ce futur qui vous est proche. Si proche que vous pouvez vous y retrouver et à la fois si lointain qu’on peut envisager ce constat comme l’un des multiples avatars de l’Histoire."

mercredi 18 avril 2012

N6


Fin épisode précédent : « Chaleureuse, Lorrie l’est à l’occasion. 
L’éducation que je lui ai appliquée est sans faille. Mais elle est imparfaite comme une femme. Comme je le suis.Comme nous le sommes. Il est grand temps que j’évolue ! »
.
Episode 99. Lundi 19 04 2027.  Pour conclure mes tergiversations de ces derniers jours, notifier à Jean-Philippe que j’accepte telle quelle la proposition de TimeWeather ne m’a pris en comparaison qu’une minute, tout au plus.

Mes questions à ce sujet restent ouvertes, bien sûr, mais, lorsque sera signé mon contrat d’actionnariat et qu’ils auront validé mon N6, il sera toujours temps de se demander pourquoi je bénéficie de tels avantages, alors qu’ils auraient tout bonnement pu me virer avec une indemnisation substantielle.
Du coup, J.P. ne m’appelle plus « Bernard » comme le fait un supérieur condescendant, mais me donne du « Monsieur Topo’ » à trois reprises. Son sens du protocole convient d’ailleurs très bien au décorum minimaliste de son intérieur : classique, net, propre, sans tache, hiérarchisé.

Ma journée s’est ensuite déroulée comme à mon ordinaire. Malgré une immense fatigue, j’ai longuement travaillé sur mon application TempoTopo’, avec un goût d’interdit et un certain plaisir, inconnus jusqu’alors. De temps en temps, je m’arrête et me réjouis que Chefy n’en soit sûrement encore qu’à une version antérieure.


Mais à seize heures 17’, je m’en souviens très précisément, une FaceBlokoeuse me notifie un rendez-vous avec les instances supérieures du réseau. Sa voix est amène et je crois d’ailleurs la reconnaître, mais il se peut que je me trompe.


Me rengorgeant de mon statut tout neuf, je ne me gêne pas de lui en demander la raison, sans trop espérer obtenir une réponse, je dois dire. De fait : « Je ne suis pas habilitée pour vous la dévoiler, Monsieur Topo’ ! », grince-t-elle, toujours aussi empathique, « Tout ce que je sais, c’est que c’est assez important, me semble-t-il, pas moins de quatre + ! ».

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