"Je m’appelle Bernard Topo. Je viens de Bruxelles en 2027, via une application que j’ai développée pour communiquer avec un passé où se pressentait déjà l’omnipotence de la technologie (l’ardoise digitale est comme le prolongement de la main) et des réseaux sociaux (les Faceblokoeurs veillent sur nos rapports humains et les Gog+ surveillent nos agissements).
L’évolution ne s’y décline pas en révolution : les pouvoirs financiers sont suprapotents, la politique brille par son absence, les technocrates exécutent et seule l’existence personnelle pimente encore d’un brin d’humanité ce futur qui vous est proche. Si proche que vous pouvez vous y retrouver et à la fois si lointain qu’on peut envisager ce constat comme l’un des multiples avatars de l’Histoire."

mardi 3 avril 2012

dimanche d'antan


Fin épisode précédent : « Méfie-toi ! Ne te laisse pas embobiner ! » me harangue en permanence Lorrie, ma nièce. Finalement, elle aussi voit plutôt juste et ne délire pas autant que je l’imagine ! C’est tout-à-fait normal, du reste : n’est-ce pas moi qui l’ai… éduquée ? 

Episode 84. Dimanche 04 04 2027. La fraicheur lumineuse du matin et un soleil torride à midi sont un cocktail détonnant pour un vrai dimanche comme d’antan : apéro et barbecue, dolce farniente et parties de boules arrosées d’alcool à l’anis. En l’occurrence, je suis vautré sur la terrasse d’un bar sur le toit d’une ancienne usine, à sept étages de hauteur ; j’ai une cruche d’eau augmentée à ma gauche et Lorrie à ma droite qui me grille mécaniquement des grillons ; le vent tiède nous rafraichit sous les parasols et, tout en dictant mon épisode du jour à mon ardoise digitale, je sens la sieste doucement m’envahir comme l’électron se libère de son noyau. 


Cela fera bientôt trois mois que je consigne dans ce journal les moments forts de mon existence. Outre la prouesse technologique de communiquer avec le passé (toutes proportions gardées, ce n’est qu’une petite quinzaine d’années en arrière !), ce monologue quotidien a pour seul effet d’évacuer mes craintes, mes angoisses ou mes doutes et, plus rarement comme aujourd’hui, d’afficher mes envies, mes certitudes et mes petits bonheurs. Comme déjà dit précédemment, je pense, l’essentiel est davantage pour moi aujourd’hui dans le plaisir de la parole écrite que dans l’espoir d’être lu ou entendu.
Une autre finalité ne serait sans doute qu’illusion réciproque entre vous et moi.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire