"Je m’appelle Bernard Topo. Je viens de Bruxelles en 2027, via une application que j’ai développée pour communiquer avec un passé où se pressentait déjà l’omnipotence de la technologie (l’ardoise digitale est comme le prolongement de la main) et des réseaux sociaux (les Faceblokoeurs veillent sur nos rapports humains et les Gog+ surveillent nos agissements).
L’évolution ne s’y décline pas en révolution : les pouvoirs financiers sont suprapotents, la politique brille par son absence, les technocrates exécutent et seule l’existence personnelle pimente encore d’un brin d’humanité ce futur qui vous est proche. Si proche que vous pouvez vous y retrouver et à la fois si lointain qu’on peut envisager ce constat comme l’un des multiples avatars de l’Histoire."

dimanche 8 avril 2012

puzzled



Fin de l’épisode précédent : « A moi demain de bilanter et de projeter pour les jours à venir, à moi demain de me choisir une facegirl d’un jour ou deux, à moi demain …
Mais que faisais-je donc le dimanche de Pâques 2012 ? »

Episode 89. Vendredi 09 04 2027. Journée de travail achevée, en  pleine expectative quant à mon passé. Depuis hier, c’est vrai, me taraudent des interrogations existentielles car j’ai la nette impression que ma mémoire est aujourd’hui vague et lacunaire. De fait, ai-je seulement des réminiscences de mon adolescence et de mes premières années d’adulte ? Qu’ai-je comme souvenirs précis de Cécilia, par exemple, sinon un visage  flou et, d’une manière diffuse, de nombreuses années passées ensemble ? Et de sa liaison avec mon frère, je n’ai d’autre preuve tangible que celle de leur accident ! … Aussi, ai-je vu ma mère vieillir depuis mes dix ans ? Dans ma tête, elle demeure à tout jamais une jeune femme pétillante alors qu’elle aurait maintenant plus de trois fois vingt ans.
 
Rendez-vous compte : au fur et à mesure que je parcourais les actualités d’autres décennies dont j’aurais dû me rappeler ne serait-ce que l’essentiel, ma propre réalité s’égrenait en autant de questions. Ma conclusion m’amenait peu à peu à penser sérieusement que je n’avais pas existé pendant des lustres. N’avais-je pas une origine extraterrestre ou quelque chose du genre ? me disais-je encore dans un instant de délire.

Heureusement que j’avais choisi tôt matin celle qui passerait ces deux prochains jours en ma compagnie car, en fin d’après-midi, désemparé, esquinté, délabré, je n’aurais plus été apte à faire aucun tri.
Dans la liste proposée, ç’avait été ce visage chocolaté à la moue dubitative qui s’était vite imposé : Maya, 39 ans, cartomancienne.
Intuitivement, j’avais imaginé qu’elle serait mon élément manquant du moment.

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