"Je m’appelle Bernard Topo. Je viens de Bruxelles en 2027, via une application que j’ai développée pour communiquer avec un passé où se pressentait déjà l’omnipotence de la technologie (l’ardoise digitale est comme le prolongement de la main) et des réseaux sociaux (les Faceblokoeurs veillent sur nos rapports humains et les Gog+ surveillent nos agissements).
L’évolution ne s’y décline pas en révolution : les pouvoirs financiers sont suprapotents, la politique brille par son absence, les technocrates exécutent et seule l’existence personnelle pimente encore d’un brin d’humanité ce futur qui vous est proche. Si proche que vous pouvez vous y retrouver et à la fois si lointain qu’on peut envisager ce constat comme l’un des multiples avatars de l’Histoire."

mardi 13 mars 2012

bronchite et facecopine

Dimanche 14 03 2027.  C’est la seconde nuit que je m’éveille cycliquement en quinte de toux, toutes les deux heures. Mes rêves sont à l’avenant : je vois des Timothy Fastoche partout ! Un scan sur mon miroir-médical me diagnostique une bronchite et, automatiquement, les médicaments tombent dans l’urne de pharmacie basique. Cela fait un bout de temps que je n’ai plus réachalandé ma réserve : il me manque un sirop de nuit, me signale-t-elle en clignotant.


Quant à ma facecopine de week-end, à première vue, du chien, elle en a, avec la frange de cheveux qui voile ses yeux brillantines mais elle en a également le caractère, soumise, mendiante et dans l’ombre de mes pas. Le pire du pire pour le loup solitaire que je suis. Jolie sans conteste, amourable certainement, Ketelle Larivière m’aguiche avec un hologramme prometteur. C’est finalement une parfaite petite louve, j’avoue que je suis séduit.
Je me suis quand même rappelé en aparté que n’importe qui peut prétendre se dénommer  Ketelle Larivière : le vieux voisin qui peste à toute heure sur tout qui passe devant sa fenêtre, l’adolescente qui joue de la  clarinette un immeuble plus loin ou, qui sait, Timothée Fastoche lui-même, pourquoi pas ! Peu importe l’illusoire, nous entamerons nos jeux érotiques à distance un peu plus tard dans la nuit. Sans certitudes, sans émotions et sans questions.

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