"Je m’appelle Bernard Topo. Je viens de Bruxelles en 2027, via une application que j’ai développée pour communiquer avec un passé où se pressentait déjà l’omnipotence de la technologie (l’ardoise digitale est comme le prolongement de la main) et des réseaux sociaux (les Faceblokoeurs veillent sur nos rapports humains et les Gog+ surveillent nos agissements).
L’évolution ne s’y décline pas en révolution : les pouvoirs financiers sont suprapotents, la politique brille par son absence, les technocrates exécutent et seule l’existence personnelle pimente encore d’un brin d’humanité ce futur qui vous est proche. Si proche que vous pouvez vous y retrouver et à la fois si lointain qu’on peut envisager ce constat comme l’un des multiples avatars de l’Histoire."

jeudi 29 mars 2012

éthique et déontologie

Fin épisode précédent : « Prochaine étape à résoudre : l’envoi d’images dans le passé. Je pense y parvenir dans quelques jours, tout au moins en ce qui concerne des fichiers graphiques fort légers en noir et blanc.
Je redeviens « nerd » pour la circonstance. Mes problèmes domotiques ne me touchent momentanément plus vraiment. »


Episode 79. Mardi 30 03 2027. Les fictions sur le thème du retour dans le passé se posent toutes la même question, à savoir s’il y a lieu ou non d’intervenir, ou même simplement d’influer, sur le cours des évènements. En d’autres termes, quelles incidences sur le futur provoquerait une modification dans le présent ?
Les positions à ce propos abondent : pour les plus déterministes, le destin des êtres et des sociétés n’est qu’une transversale imperméable au temps et, à l’opposé, la liberté individuelle de choix semble une valeur quasi intemporelle.
Pour ma part, et à présent que, de la fiction, je suis un tantinet passé à la réalité, mes réflexions se mitigent au fur et à mesure que mon application TempoTopo’ se développe. En effet, entre humilité et inquiétude, mon avis reste dans un flou plus ou moins arbitraire.

Selon moi, seuls les visionnaires, qui encombrent nos mémoires et plus encore l’Histoire, ont ce singulier privilège de déterminer ou modifier le futur car leur pensée est persistante, parfois simplement au-delà de leur corps, parfois bien au-delà de leur siècle et, quoique plus exceptionnellement, au-delà d’un millénaire.
Vous voyez qui je veux dire ?

Quant à ma petite personne, dans ma brève incursion dans le passé, j’aurai forcément moins la cote, ne rencontrant le plus souvent qu’incrédulité (« La société de demain ne peut être appréhendée comme vous le décrivez ! », entends-je à l’occasion ;  ce qui démontre bien le refus de mon statut de visionnaire ou de visiteur du futur) ou banalisation (« Votre roman de science-fiction est… intéressant, et fort bien écrit ! », renchérit celui qui me prend pour un contemporain ; ce qui me cantonne à un rôle de scénariste du futur).

En près de onze semaines, je peux difficilement prétendre que la formule ait fait recette, ce qui me fait penser que banalisation et incrédulité sont peut-être finalement des éléments stabilisateurs qui modèrent toutes spéculations éthiques ou déontologiques.
Mon message n’a pas (ou peu) cartonné, soit !, mais cela n’a jamais été repris dans mes propres finalités.
M’importe par contre la prouesse technologique d’une application qui mène à communiquer avec des ouailles de quinze années en arrière. C’est en ce sens qu’être qualifié de « nerd » me convient parfaitement.
Je ne me sens en effet pas prêt à gérer aléas et implications d’un projet sociétal qui appliquerait la TempoTopo’. Et, comme nombre d’inventeurs, je m’attends lucidement à ce que mon invention soit détournée selon des visées toutes autres ou, pis !, à l’opposé du bon sens commun.
 
A vous d’en pâtir un jour ou de l’imaginer dans votre actualité.

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