"Je m’appelle Bernard Topo. Je viens de Bruxelles en 2027, via une application que j’ai développée pour communiquer avec un passé où se pressentait déjà l’omnipotence de la technologie (l’ardoise digitale est comme le prolongement de la main) et des réseaux sociaux (les Faceblokoeurs veillent sur nos rapports humains et les Gog+ surveillent nos agissements).
L’évolution ne s’y décline pas en révolution : les pouvoirs financiers sont suprapotents, la politique brille par son absence, les technocrates exécutent et seule l’existence personnelle pimente encore d’un brin d’humanité ce futur qui vous est proche. Si proche que vous pouvez vous y retrouver et à la fois si lointain qu’on peut envisager ce constat comme l’un des multiples avatars de l’Histoire."

samedi 3 mars 2012

du lit à la douche


Jeudi 04 03 2027. J’avais réglé le matelas sur 5 heure 30 mais, quand il s’est redressé en douceur pour m’éveiller, je me suis rendu compte que je n’avais pas dormi, ou à peine. Timothy Fastoche m’était devenu une fameuse obsession. « Peut-être est-ce son but ! » avait d’ailleurs marmonné Sophie en conclusion, bercée par le balancement du lit. Il était minuit à peine. La couche tanguait sans m’apaiser.
Les heures qui suivirent, j’ai tourné et remâché mes questions en rêvant au sommeil. Qui est ce Timothy ? Pourquoi veut-il de toute évidence me rencontrer ? Pourquoi a-t-il usurpé l’identité d’un mort ? Pourquoi son hologramme est-il aussi instable ?
Je visionnai un nombre invraisemblable de fois son apparition, stockée dans la mémoire de mon ardoise. Aucun détail ne me donnait d’indice. La faiblesse de son image et l’absence de son pouvait s’expliquer d’une dizaine de façons.
J’inversai mes interrogations : qu’ai-je donc de si particulier pour qu’une personne endosse le costume de quelqu’un d’autre pour chercher à me joindre ? Finalement, en ordre croissant ou décroissant, aucune ébauche de réponse ne se profilait.
Sauf une coïncidence de plus : sa première incursion datait du 15 janvier de cette année. Rappelez-vous, c’était aussi le jour de notre premier contact, vous et moi !

« Décidément, ce Timothy semble cultiver les simultanéités ! », me tourmentais-je en me faufilant dans le cabinet de douche. Celui-ci me reconnut dès que j’y eus posé le pied. Mes paramètres quotidiens s’affichèrent mais aujourd’hui, j’avais besoin d’un bon bain de vapeur pour nettoyer mes neurones. Je m’installai en position fœtale sur le coussin d’air et m’abandonnai aux geysers domestiques.   

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire