Fin
de l’épisode précédent : « « J’ai bloqué ma
localisation ! », me rassure-t-elle (de je ne sais quoi).
« Putain d’accident ! J’ai mal, tu peux pas savoir !»,
a-t-elle ajouté en mouillant ma poitrine d’une larme retenue.
Un accident ? Etre torturée par les Gog+, un accident ?
Un accident ? Etre torturée par les Gog+, un accident ?
Episode 77. Dimanche
28 03 2027. Le regard avec lequel on interprète une information est manipulé
par ce qu’on est poussé à en comprendre. Ainsi, la vidéo que m’avait imposée avant-hier
le Gog+ prêtait à double-sens : Chatey, réduite en loque lamentable entre deux
colosses blancs, présumait en effet pis que pendre à leur propos. D’emblée, c’est
à cela que le discours brutal de l’agent m’avait pourtant préparé, dans l’unique
but de me déstabiliser. De fait, désarçonné en un clin d’image, je me suis
senti subitement fort coupable, du reste sans trop savoir de quoi. Si cet
excité m’avait laissé quelques secondes de réflexion, j’aurais sans doute pensé
que ce n’était tout de même pas ma petite appli’ TempoTopo’ qui justifiait autant
de zèle de leur part. Et si je n’avais pas disposé de mon bouclier N4,
peut-être aurais-je avoué avoir commercé avec cette pseudo FaceBlokoeuse
par pure obligation. « Je me doutais bien que cette personne était louche… »,
m’entendais-je rétrospectivement déblatérer, « Oui, une FaceBlokoeuse
dont le nom sonne comme un pseudonyme, ce n’était pas très clair pour moi, mais dites-moi,
aurais-je donc dû m’en méfier ? ». J’imaginais l’air jubilatoire du
Gog+ : « Que voulez-vous dire par pseudonyme, Monsieur Topo’ ? »,
ou bien « Mademoiselle Chatey FotoSmith s’est donc présentée à vous en
tant que FaceBlokoeuse, c’est bien ce que vous me dites, Monsieur Topo’ ? ».
- Exact, mon Topo’, fit Chatey en coupant court à mes tergiversations. Elle rajusta la longue chaussette de plastique qui lui raidissait la jambe, du tibia à la cheville. Son visage aux taches violacées opéra une série de grimaces : « C’est bel et bien moi qui suis visée sur ce coup-là, tout comme cette CapsoSat zigzagant à toute allure dans ma direction ! ».
D’après elle, la version officielle confortait l’idée d’une défaillance technique de la machine ; in extremis, elle avait opéré un léger saut de côté, sans quoi elle ne serait même plus ici pour nous en parler, bref, un stupide accident puisque rien ne prouvait qu’il s’agît d’un attentat ! De surcroit, n’étaient-ce pas les Gog+ eux-mêmes qui l’avaient emmenée au Dispensaire Social ?
« Tout ça ne nous explique toujours pas tout ce ramdam ! » intervint Lorrie, entêtée comme toujours. « … Ni pourquoi tu te parachutes chez moi ! », ajoutai-je, les bras serrés en croix dans l’attente d’une répartie valide.
Son orbite gonflée nous fixait d’un regard noir et tendre à la fois. « Trop tôt et trop dangereux pour vous mettre dans la confidence, mes agneaux ! » fut la réponse lacunaire et d’ailleurs laconique. Je lui relançai son coup d’oeil comme au ping pong.
« D’accord ! » sembla-t-elle conclure. « Disons que tu fais partie de la réponse mais que je ne la connais pas moi-même encore, disons que Chatey ou Charline doive disparaître tôt ou tard, disons que, avant, j’ai envie de passer une nuit paisible dans ton lit, disons que j’ai la faiblesse de te faire confiance ! ».
Disons que j’étais faible, moi aussi, et que j’allais obéir naïvement à toutes ces conditions que Chatey m’imposait. Il n’en semblait pas de même pour Lorrie. « Et moi, qu’ai-je à voir dans cette histoire ? », s’enquit-elle, visiblement frustrée d’être mise ainsi à l’écart.
« Toi, ma chérie, tu n’es qu’un gros souci collatéral ! Mais tu ne me laisses pas vraiment le choix ! », persifla celle qui ne s’appelait déjà plus, ni Chatey, ni Charline.
- Exact, mon Topo’, fit Chatey en coupant court à mes tergiversations. Elle rajusta la longue chaussette de plastique qui lui raidissait la jambe, du tibia à la cheville. Son visage aux taches violacées opéra une série de grimaces : « C’est bel et bien moi qui suis visée sur ce coup-là, tout comme cette CapsoSat zigzagant à toute allure dans ma direction ! ».
D’après elle, la version officielle confortait l’idée d’une défaillance technique de la machine ; in extremis, elle avait opéré un léger saut de côté, sans quoi elle ne serait même plus ici pour nous en parler, bref, un stupide accident puisque rien ne prouvait qu’il s’agît d’un attentat ! De surcroit, n’étaient-ce pas les Gog+ eux-mêmes qui l’avaient emmenée au Dispensaire Social ?
« Tout ça ne nous explique toujours pas tout ce ramdam ! » intervint Lorrie, entêtée comme toujours. « … Ni pourquoi tu te parachutes chez moi ! », ajoutai-je, les bras serrés en croix dans l’attente d’une répartie valide.
Son orbite gonflée nous fixait d’un regard noir et tendre à la fois. « Trop tôt et trop dangereux pour vous mettre dans la confidence, mes agneaux ! » fut la réponse lacunaire et d’ailleurs laconique. Je lui relançai son coup d’oeil comme au ping pong.
« D’accord ! » sembla-t-elle conclure. « Disons que tu fais partie de la réponse mais que je ne la connais pas moi-même encore, disons que Chatey ou Charline doive disparaître tôt ou tard, disons que, avant, j’ai envie de passer une nuit paisible dans ton lit, disons que j’ai la faiblesse de te faire confiance ! ».
Disons que j’étais faible, moi aussi, et que j’allais obéir naïvement à toutes ces conditions que Chatey m’imposait. Il n’en semblait pas de même pour Lorrie. « Et moi, qu’ai-je à voir dans cette histoire ? », s’enquit-elle, visiblement frustrée d’être mise ainsi à l’écart.
« Toi, ma chérie, tu n’es qu’un gros souci collatéral ! Mais tu ne me laisses pas vraiment le choix ! », persifla celle qui ne s’appelait déjà plus, ni Chatey, ni Charline.
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