"Je m’appelle Bernard Topo. Je viens de Bruxelles en 2027, via une application que j’ai développée pour communiquer avec un passé où se pressentait déjà l’omnipotence de la technologie (l’ardoise digitale est comme le prolongement de la main) et des réseaux sociaux (les Faceblokoeurs veillent sur nos rapports humains et les Gog+ surveillent nos agissements).
L’évolution ne s’y décline pas en révolution : les pouvoirs financiers sont suprapotents, la politique brille par son absence, les technocrates exécutent et seule l’existence personnelle pimente encore d’un brin d’humanité ce futur qui vous est proche. Si proche que vous pouvez vous y retrouver et à la fois si lointain qu’on peut envisager ce constat comme l’un des multiples avatars de l’Histoire."

mardi 6 mars 2012

on n'est plus en couple


Dimanche 07 03 2027. Au meeting de vendredi, les résultats de notre recherche conjointe ont été fort bien reçus par nos pairs, sauf évidemment par le duo dont le travail portait sur la réinjection du profit dans la recherche.
En effet, selon le Chinois et la Colombienne dont je n’ai pas retenu les prénoms, nous n’avions fait se réduire l’obsolescence des ardoises digitales que de 5,9% alors qu’ils en escomptaient 8%, voire même un peu plus. Mais nous avions tout de même bel et bien gagné près de 3 semaines sur l’espérance de vie actuelle d’une tablette, sans que le coût de fabrication supplémentaire en pâtisse au-delà de 0,10% ! Et, de toute manière, ce dernier serait certes absorbé par une nouvelle production ciblée sur les enfants de moins de 3 ans (dixit John et Giovana).
Quant aux actionnaires, il n’était apparemment pas dans leur perspective actuelle d’accroître leurs bénéfices via cette obsolescence réduite, mais bien plutôt d’oxygéner de nouvelles prospections.

Trêve de détails, notre mission en tandem est aujourd’hui terminée et, en dépit d’une attirance charnelle réciproque, Sophie et moi avons pris nos distances. De fait, tous deux sommes trop solitaires pour être solidaires : bref, on n’est plus « en couple ».
Vu la longueur relative de notre relation (plus d’une semaine), j’avais dû justifier aux Faceblokoeurs les raisons de notre séparation ; elle aussi, j’imagine. De plus, Il m’a fallu expliquer pourquoi j’avais réinitialisé mon ardoise digitale, alors qu’elle n’était pas encore en date de péremption. Sous couvert du numéro de ma captchacard, j’ai pu invoquer le devoir de réserve imposé par TimeWeather.

Mon seul souci du jour, c’est qu’en reprogrammant mon ardoise lors de la visite des Gog+, Sophie avait exporté sur mon cloud pro’ les images de Timothy et quelques-unes de mes applications en chantier. C’était une excellente initiative qui m’a certes préservé d’une nuée de questions embarrassantes. Mais, à présent, je me demande dans quelle mesure elle avait accédé à TempoTopo’ et si elle en avait compris la portée.
A mon avis, Sophie Montana est trop maligne pour ne pas l’avoir fait !  

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