"Je m’appelle Bernard Topo. Je viens de Bruxelles en 2027, via une application que j’ai développée pour communiquer avec un passé où se pressentait déjà l’omnipotence de la technologie (l’ardoise digitale est comme le prolongement de la main) et des réseaux sociaux (les Faceblokoeurs veillent sur nos rapports humains et les Gog+ surveillent nos agissements).
L’évolution ne s’y décline pas en révolution : les pouvoirs financiers sont suprapotents, la politique brille par son absence, les technocrates exécutent et seule l’existence personnelle pimente encore d’un brin d’humanité ce futur qui vous est proche. Si proche que vous pouvez vous y retrouver et à la fois si lointain qu’on peut envisager ce constat comme l’un des multiples avatars de l’Histoire."

samedi 31 mars 2012

Steve, mon ami...


Fin épisode précédent : … Bref, le slogan garde tout son sens : « Timeweather est fière de vous et vous êtes fiers de Timeweather ! ». Et, quelque part au fond de moi, c’est amplement le cas…

Episode 81. Jeudi 01 04 2027. Steve Domino est un très vieil ami, dans les deux sens de terme. Je connais Steve depuis toujours, autant dire qu’il avait sans doute mieux connu ma mère voire ma grand-mère (que je n'ai d’ailleurs pas la chance de connaitre) et, s’il n’est pas aujourd’hui centenaire, il n’en est pas loin.

Malgré cet âge canonique, Steve Domino dirige toujours de main de maître le « Muséum HistorTIC » qu’il a créé dans le hameau de W., racheté pour l’occasion voici cinq ou six ans. Ce parcours interactif se propose de nous promener dans l’Histoire de l’informatique, des ordinateurs militaires des années ‘60 au multimédia fin XXième, en passant par les TRS-80 et Commodore de mon enfance. Sa collection est unique, toutes pièces acquises en francs sonnants et trébuchants de sa poche.  
Lorrie adore se coltiner avec ces machines dont elle ne connait pas toujours le mode d’emploi, et surtout dans la maisonnette des jeux vidéos ‘80 que Papa Topo’ 1, 2 ou 3 me programmait à l’époque pour mon plus grand plaisir.  

Steve et moi avons ce rituel de nous contacter en I.R.L. tous les trois mois, des fois que l’un de nous deux disparaisse (je serai bien peiné lorsque cela arrivera) sans en avoir prévenu l’autre. Mais, par tous les Gogs, Steve a singulièrement vieilli cette fois-ci. En cause, une sale bronchite qui semble plus éternelle que lui-même. N’empêche que d’emblée, il m’apostrophe. « Gamin, tu sais, je me suis enfin résolu à mettre en place un directeur ! », me souffle-t-il comme une bêtise et, entre deux quintes de toux humide : « Un directeur d’Ordonnance… mais c’est encore le vieux Steve qui tire toutes les ficelles, n’aie crainte, Gamin ! ». Sa propension à surnommer touti de moins de cent ans, par gamin ou gamine, d’exaspérante au départ, en devenait finalement attendrissante.
« Et, tu sais, Gamin, … j’ai opté pour l’un de ces Timothy-Fastoches ! », rajouta-t-il à voix basse, comme une confidence inavouable.
 
Ah là, mon vieux Steve Domino allait une fois de plus m’apprendre quelque chose, ai-je pensé en aparté.

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