075 Vendredi 26 03 2027. « Vous avez eu contact avec Mademoiselle Chatey Fotosmith, Monsieur Topo’ ? » : c’était
le retour du grand Gog+, apparemment satisfait de me chatouiller une fois de
plus, et, ce coup-ci, je me trouvais démuni de toute kaptchacard immunitaire.
- C’est elle-même qui m’a contacté !, me défendis-je au cas où Chatey ne
leur soit plus très recommandable. Cela semblait le satisfaire de me sentir sur
la défensive. « … Oui. Je vois d’ailleurs dans votre journal que vous avez
passé le week-end dernier en sa compagnie… », poursuivait-il, imperturbable,
sans même daigner me voir.
- C’est exact. A sa demande. Même en tant que N4, pouvais-je décliner
l’invitation d’une Faceblokoeuse, fort jolie de surcroît ?
Je jouais ainsi la carte de mon nouveau statut et, en guise de joker,
recherchais en lui une complicité masculine. Rien n’y faisait. Son air
demeurait immaculé comme son costume.
- Elle s’était donc présentée à vous avec sa fonction officielle ?
- … Pas du tout ! C’est moi qui ai cru à une similitude de voix !
Pas question non plus d’accabler la jeune femme, des fois qu’elle soit de mon
bord.
Je tentai une question directe avant qu’il ne m’interroge encore :
« Cette dame a un problème ? ». Son regard noir charbonna sur
son visage. « Un très gros problème, Monsieur Topo’, et vous aussi, si
vous n’adoptez pas désormais une attitude plus franche et plus directe ! ».
fit-il froidement en projetant sur le mur du salon une vidéo éloquente :
Chatey, dans un état second ou sous narcotique, pendouillait
lamentablement entre deux Gog’s peu amènes qui la maintenaient aux aisselles. Des
traces de coups lui barraient le visage, une vilaine blessure s’épanchait sur
son menton et la jambe gauche semblait brisée car son pied ne se tournait pas
dans un sens très habituel.
Bref, une scène de violence à laquelle nous n’étions plus accoutumés, tout au
moins affichée si effrontément. Nul doute qu’elle n’était destinée qu’à moi et
qu’elle ne passerait pas aux informations publiques !
Mon Gog+ avait un sourire qui ne me disait rien qui vaille.
« A présent, Monsieur Topo’, dites-moi – voulez-vous ? - pourquoi
vous vous êtes rendu en Mer du Nord… ». Tant de politesse est plutôt
indigeste. J’y étais allé sans aucune autre intention que celle de prendre un
bol d’air iodé. Mon estomac esquissa un salto arrière : cette réponse
allait-elle lui suffire ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire